écriture scénario : la logique
Les films sont comme des fantômes.
Y’a ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas
En toute logique, ce film n’aurait pas dû exister.
Il a pourtant suffi que je commence à y croire, puis d’autres avec moi, pour qu’il finisse par prendre corps.
En toute logique, j’aurais dû faire comme tout cinéaste qui se respecte, ou en tout cas respecte les codes et les us et les coutumes. J’aurais dû écrire quelques lignes, un pitch, et à partir de là chercher une production, un financement, une aide, un prix...
Merci, j’ai déjà donné.
Fou, j’aurais écrit le scénario et à partir de là fait comme ci-avant, chercher une production, un financement, une aide, un prix...
Merci, j’ai déjà donné.
Et sur les 2 continents.
Donné et reçu.
Et pas forcément reçu ce que j’espérais, c’est-à-dire le nécessaire à fabriquer des films, c’est-à-dire de l’argent, des soutiens...
Non.
Reçu le plus souvent des coups dans la gueule, du dénigrement, ou pire de l’indifférence...
Alors j’ai pas fait comme il faut. Pas de pitch, pas de synopsis, pas de résumé, pas de traitement.
Mais un scénario, oui.
Mais pas fait lire. Sauf à ceux qui voulaient travailler avec moi.
L’argent, il est venu de 250 personnes, via Kickstarter, ou encore après, via paypal, via un chèque, via du liquide.
Oh, bien sûr, il faut serrer la ceinture, parfois serrer les dents, serrer les poings...
On est parfois génialement bien entouré mais très souvent tout seul au monde.
Mais pas si seul que ça et les jours où j’ai failli tout arrêter, je me suis retourné et y’avait là, derrière moi, 250 fantômes qui me souriaient. Comment j’aurais pu arrêter et dire à ces fantômes que j’y croyais plus !
C’est parfois dur à porter, 250 personnes qui ont parié sur vous, petites sommes, grosses sommes, ce n’est pas tant ça qui compte.
Se regarder droit dans les yeux dans une glace, sans sourciller, c’est une lutte de tous les jours. Mais regarder en plus de soi 250 autres !
250 paires d’yeux qui vous fixent !
Ce film n’aurait pas dû exister. En toute logique.
Mais la logique, qui la fabrique ? Qui la décide ?
C’est vous qui avez décidé que ce film existerait, vous les 250 parieurs, et vous aussi qui m’avez épaulé au quotidien, techniciens, acteurs, amis, voisins, famille...
Alors, en toute logique, ce film existe.